Opinion
En 2015 et 2016, presque 380,000 animaux ont été tués dans les incendiesde grange au Canada. C’est une tragédie tant pour les animaux, que pour les agriculteurs et leurs communautés. L’idée que des animaux soient brûlés vifs sans la moindre chance de s’échapper horrifie les Canadiens.
Les maisons, bureaux, écoles, hôpitaux et autres bâtiments publics, sont équipés de systèmes permettant de détecter et d’éteindre le feu, ce qui donne aux gens qui s’y trouvent la possibilité de s’échapper, contrairement aux animaux d’étables.
Pour les granges, c’est différent. Elles ne sont pas situées dans des lieux urbains, à proximité d'un service d'incendie local ou d’une bouche d'incendie. Les services d'incendie ruraux sont souvent assurés par des bénévoles dévoués qui, une fois l'appel d’intervention obtenu, doivent se rendre au préalable à la caserne des pompiers pour préparer le matériel d’intervention avant de pouvoir se rendre à la ferme.
Les détecteurs de fumée standards utilisés dans les foyers domestiques ne fonctionneraient pas dans les granges, car ils seraient obstrués avec de la poussière. L'équipement électrique et le câblage risqueraient d’être corrodés par l'environnement de la grange et les fils pourraient être mâchés par les rongeurs. Le système d'arrosage pourrait s’avérer problématique en raison des fausses alarmes, du manque de pression d'eau et du gel des tuyaux. De toute évidence, l'essentiel est de prévenir les incendies ou de les détecter bien en avance.
Le feu a besoin de trois éléments : l’oxygène, le carburant et la chaleur. Éliminez l'un des trois éléments et il n'y aura pas de feu. Il va de soi que l'oxygène n'est pas un candidat à l’élimination. Dans une grange, des carburants comme l'essence ou des produits chimiques peuvent être supprimés, mais pas tous (p. ex. la paille litière.). Les sources potentielles d'inflammation (ou de chaleur), cependant, peuvent être pratiquement éliminées à frais réduits, voire nuls, pour l'agriculteur.
Les problèmes électriques font partie des causes des incendies de grange. Des inspections de l’Installation assurées par un électricien professionnel (et la correction des problèmes au besoin) sur une base régulière, serait non seulement raisonnable, mais entraînerait une importante diminution de la prime d'assurance. Certaines compagnies d'assurance proposeraient même de payer pour l'inspection.
L'utilisation de rallonges électriques de façon temporaire seulement; mettre les couvercles sur les boîtiers électriques et des cages d'explosion sur les ampoules; maintenir le matériel électrique à l’abri de la poussière, constituent des mesures permettant de réduire les risques d'incendie. Il est certes tentant de faire le câblage soi-même, mais c'est beaucoup plus sécuritaire d'embaucher un électricien agréé.
La réservation d’une zone pour fumeurs à une distance respectable de la grange, comprenant un récipient pour matières résiduelles du tabac coule de source. Le placement d’extincteurs d'incendie en bon état de fonctionnement à toutes les entrées de la grange (plus quelques extras) constitue une autre évidence.
Garder le matériel récemment utilisé à l’extérieur jusqu'à refroidissement, et aussi garder les combustibles loin de la grange permettraient d'éliminer d’autres sources de chaleur.
S’assurer que la génératrice de secours est régulièrement testée et qu’elle compte au moins huit heures de carburant assurera le fonctionnement continu de la ventilation et réduira l'accumulation de gaz.
Une combustion spontanée dans le foin peut se produire lorsqu'il est stocké au-dessus d'une certaine teneur en humidité. Une odeur de caramel ou de moisi indiquera que le foin se réchauffe. Le site web du ministère ontarien de l'Agriculture, de l’Alimentation et des Affaires rurales (MAAARO) publie des conseils sur la façon de mesurer la température interne des piles de foin et les dispositions à prendre.
Si les lampes chauffantes sont utilisées, elles devraient être de bonne qualité et fixées comme équipements permanents.
Il y a des détecteurs thermiques (à un coût raisonnable) qui détectent une augmentation de température et parcourent une liste téléphonique jusqu'à ce que quelqu'un soit alerté. Ils doivent également être testés sur une base régulière.
De même que pour les accidents tragiques de fermes impliquant des vies humaines, la prise de conscience, l’attention et la diligence sont les clés de prévention des incendies de grange. L’entretien, les inspections et tests réguliers, ainsi que des rondes permettant de parcourir la grange à la recherche d’éventuels dysfonctionnements constituent des tâches raisonnables et faisables pour assurer la sécurité de la grange face aux incendies.
La mise en œuvre de ces mesures mettrait les agriculteurs à l’abri de grandes pertes et leurs animaux à l’abri d'une mort terrible.
Vicki Fecteau, Ing., directrice, Coalition canadienne pour les animaux de la ferme